Pentagon Papers
Avant la sortie française de Pentagon Papers, le 24 janvier, le réalisateur américain revient sur l’urgence qu’il a ressentie à faire ce film dans un contexte de multiplication des « fake news ». Il juge que son pays n’a jamais été aussi divisé et qu’il n’existe pas le « moindre espace commun, et donc plus de moyen d’avoir un débat ».
Les « Pentagon Papers » ont fait l’objet d’articles publiés en 1971 par le New York Times et le Washington Post. Vous souvenez-vous de cette époque ?
Steven Spielberg : Je me souviens de tout, mais pas des « Pentagon Papers ». Je ne communiquais pas avec le monde extérieur. J’ai un souvenir plus clair du Watergate, en 1974, car il avait contraint Richard Nixon à quitter la Maison Blanche. J’étais occupé au moment des « Pentagon Papers » par deux séries télévisées, Columbo et Night Gallery. Ma carrière m’obsédait, je cherchais à réaliser mon premier long-métrage. Je ne regardais pas les informations, je ne lisais aucun journal. Je suis sorti de ma torpeur quand j’ai appris que des amis de l’université avaient perdu la vie au Vietnam. Puis l’affaire du Watergate a éclaté. Tout a changé pour moi.
Le centre de gravité de votre film est aussi dans le personnage de la dirigeante du Washington Post, Katharine Graham, qui prend la décision de publier ces documents…
Avec le recul, cette histoire me fascine, tant elle pose la question du leadership. Nous parlons ici d’une femme, Katharine Graham, devenue patronne du Washington Post à la suite d’un concours de circonstances. Elle avait hérité du journal par son père, et confié la direction à son mari. Après le suicide de ce dernier, en 1963, elle avait pris les rênes du journal. Katharine Graham élevait ses enfants, pensait que sa place était à côté d’eux, pas à la tête de son journal. Nous parlons d’une époque où le leadership...
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