ROSA, RAINER MARIA RILKE

In the 1500s, illuminator Joris Hoefnagel rendered flowers and plants with a botanical precision unmatched in his day. It’s tempting to imagine each of Hoefnagel’s natural wonders growing in the gardens cultivated at the imperial court of Rudolf II, his patron. Pages from Mira Calligraphiae Monumenta, one of the Getty’s most precious (and, at 6 9/16 inches high, tiniest) manuscripts: Damselfly; French rose, pink, semidouble; chestnut, spider.





ROSA, tú, oh cosa por excelencia completa
que se contiene a sí misma infinitamente
y que infinitamente se expande, oh cabeza
de un cuerpo ausente de tan suave,
nada te iguala, oh tú, suprema esencia
de este flotante ámbito;
de este espacio de amor en el que, apenas se avanza,
tu aroma nos envuelve.

ROSE, toi, ô chose par excellence complète
qui se contient infiniment
et qui infiniment se répand, ô tête
d’un corps par trop de douceur absent,
rien ne te vaut, ô toi, suprême essence
de ce flotant séjour ;
de cet espace d’amour où à peine l’on avance
ton parfum fait le tour.

UNA sola rosa es todas las rosas
y es ésta: el irreemplazable,
el perfecto, el dócil vocablo,
encuadrado por el texto de las cosas.

Cómo lograr decir sin ella
lo que fueron nuestras esperanzas,
y las tiernas intermitencias
en el incesante partir.

UNE rose seule, c’est toutes les roses
et celle-ci : l’irremplaçable,
le parfait, le souple vocable
encadré par le texte des choses.

Comment jamais dire sans elle
ce que furent nos espérances,
et les tendres intermittences
dans la partance continuelle.

¿NO eres, acaso, nuestra geometría,
ventana, simplísima forma
que sin esfuerzo circunscribes
nuestra vida enorme?

Aquélla a la que amamos no es nunca tan bella
como cuando la vemos asomarse
enmarcada por ti; porque, oh ventana,
tú la vuelves casi eterna.

Todo azar queda abolido. El ser
se yergue en medio del amor,
con ese poco espacio en torno
del que somos los dueños.

N’ES-TU pas notre géométrie,
fenêtre, très simple forme
qui sans effort circonscris
notre vie énorme ?

Celle qu’on aime n’est jamais plus belle
que lorsqu’on la voit apparaître
encadrée de toi ; c’est, ô fenêtre,
que tu la rends presque éternelle.

Tous les hasards sont abolis. L’être
se tient au milieu de l’amour,
avec ce peu d’espace autour
dont on est maître.


RAINER MARIA RILKE

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