Procès contre l'homosexualité de Verlaine



16 janvier 1875 Verlaine sort de prison

Le tribunal de Bruxelles condamne Paul Verlaine, 29 ans, à deux ans de prison, pour avoir tiré sur son amant Arthur Rimbaud, 19 ans. Ainsi s'achève la fugue tumultueuse des deux poètes qui a duré deux ans. À Bruxelles, lors d'une dispute le 9 juillet 1873, Paul blesse superficiellement Arthur au poignet gauche : inculpé pour son geste et stigmatisé pour son homosexualité, il est condamné à deux ans de prison le 8 août 1873 même si Rimbaud a retiré sa plainte.

La sentence est confirmée en appel le 27 août 1873 et Verlaine est incarcéré à la prison de Bruxelles. À la prison de Mons où il est transféré en octobre 1873, Verlaine retrouve la foi catholique et écrit des poèmes qui prendront place dans ses derniers recueils Sagesse (1880), Jadis et Naguère (1884) et Parallèlement (1889), tandis que Rimbaud écrira Une saison en enfer.

Procès contre l'homosexualité. "Nous soussignés…docteurs en médecine, avons été chargé par Monsieur t’Serstevens, juge d’instruction, de procéder à l’examen corporel de Paul Verlaine, homme de lettres né à Metz, détenu à la maison d’arrêt de cette ville (Bruxelles), aux fins de constater s’il porte des traces d’habitudes pédérastiques.

Après avoir rempli les obligations de la loi relative au serment, nous nous sommes aujourd’hui 16, rendus en la cellule du susnommé et y avons constaté ce qui suit : 

1 : Le pénis est court et peu volumineux. Le gland est surtout petit et va s’amincissant, s’effilant vers son extrémité libre, à partir de la couronne. Celle-ci est peu vaillante et sans relief.

2 : L’anus se laisse dilater assez fortement, pour un écartement modéré des fesses, en une profondeur d’un pouce environ. Ce mouvement met en évidence un infendibulum, espèce de cône évasé, tronqué, dont le sommet serait en profondeur.

Les replis du sphincter ne sont ni lésés, ni ne portent de traces de lésions anciennes. La contractilité en reste à peu près normale.

De cet examen il résulte que P. Verlaine porte sur sa personne des traces d’habitudes de pédérastie active et passive. L’une et l’autre, de ces deux sortes de vestiges, ne sont pas tellement marquées qu’il y ait lieu se suspecter des habitudes invétérées et anciennes, mais des pratiques plus ou moins récentes.

Bruxelles le 16 juillet 1873 (suivi des signatures) 

Publiée dans le n°36/37 de la revue d'Avant-garde: BERENICE.

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